Entrevue avec Marie Grandisson
- Pouvez-vous décrire brièvement votre parcours académique ?
J’ai complété mon baccalauréat en ergothérapie à l’Université McGill. Puis, j’ai réalisé ma maîtrise en santé communautaire à l’Université Laval. Par la suite, j’ai pris une petite pause de la vie académique pour aller pratiquer davantage comme ergothérapeute. Bien que j’aie apprécié cette expérience sur le terrain, j’ai vite eu envie de poursuivre mes études au doctorat. J’avais envie d’explorer davantage comment combiner mes bagages en ergothérapie et en santé communautaire. Je suis donc allée faire un doctorat en sciences de la réadaptation à l’Université d’Ottawa, plus précisément sur le thème de la réadaptation à base communautaire.
- Pouvez-vous décrire vos projets de recherche en 3 phrases ?
Je développe des projets qui visent à renforcer les capacités des milieux communautaires à favoriser la pleine participation des enfants présentant des besoins particuliers. Je travaille surtout auprès des enfants présentant une déficience intellectuelle ou un trouble du spectre de l’autisme. J’utilise des méthodologies participatives pour favoriser l’expression au point de vue de toutes les personnes concernées par les situations que je tente d’améliorer avec collaboration avec mes collègues et partenaires.
- À quel moment, avez-vous compris que vous vouliez être chercheuse ?
Quand j’ai réalisé que je souhaitais développer des projets et faire avancer ma profession alors que je pratiquais comme ergothérapeute en 2010.
- Quels sont les problèmes, dans votre domaine d’expertise, qui vous tiennent éveillé la nuit ?
Heureusement, aucun ! Je ne nie surtout pas qu’il ait d’immenses besoins et des situations difficiles pour les populations avec qui je travaille. Or, si je veux être en mesure de développer des projets pour répondre à ces besoins, je dois me reposer et prendre soin de moi !
- Qu’est-ce qui vous passionne le plus, à propos de votre projet de recherche ? (Mes projets de recherche plutôt)
Je m’intéresse surtout à comment on peut donner davantage de pouvoir aux personnes qui font partie du quotidien des enfants présentant des besoins particuliers. Au-delà des interventions individuelles, je crois énormément au rôle des ergothérapeutes pour outiller et accompagner les parents, éducateurs, enseignants et autres personnes impliquées dans le quotidien de ces enfants. Je souhaite contribuer à ce que les ergothérapeutes agissent davantage en prévention et en développement des capacités des milieux communautaires à favoriser au maximum la participation des enfants présentant un trouble du spectre de l’autisme ou une déficience intellectuelle.
- Qu’est-ce qui vous a le plus challengé ces 5 dernières années ?
La conciliation travail-famille ! C’est extrêmement important pour moi de garder un équilibre entre ma vie personnelle et ma vie professionnelle. Or, comme jeune professeure, on a beaucoup de pression de productivité et notre travail n’a pas de fin. On pourrait toujours en faire davantage. Avoir 2 congés de maternité à l’intérieur de mes 4 premières années comme professeure a certainement ajouté à cette pression. Or, je sens que je suis tout de même bien arrivée à concilier ces 2 aspects importants de ma vie, malgré le grand défi que cela représente au quotidien. Disons également que l’arrivée de la COVID-19 pendant mon année à l’intérim de la direction des programmes d’ergothérapie de l’Université Laval a augmenté la difficulté de concilier travail-famille.
- Quel est LE rendez annuel de votre domaine à ne pas manquer ?
Bonne question ! Il y en a plusieurs qui sont pertinents. J’essaie d’aller à la conférence annuelle de l’Association canadienne des ergothérapeutes régulièrement. J’aime aussi assister à différents événements en déficience intellectuelle et autisme (p. ex. : le congrès annuel de l’Association américaine de la déficience intellectuelle (AAIDD)). Or, comme maman de trois jeunes enfants, j’ai limité à un congrès à l’extérieur de la province par année. Maintenant que mes enfants grandissent, j’avais prévu assister à 2 congrès ce printemps (2020), mais ils ont été tous deux annulés à cause la pandémie.
- Quelles sont les 3 qualités que vous recherchez chez vos étudiants ?
Ouverture. Rigueur. Engagement.
- Avez-vous un talent caché ?
Pas vraiment, mais disons que j’ai toujours été très sportive. Je courais d’ailleurs au travail presqu’à tous les jours juste avant le début de la pandémie de la COVID-19.
- Quel conseil donneriez-vous aux étudiants qui ne souhaitent pas poursuivre une carrière dans le milieu académique ?
Je leur dirais de tenter d’imaginer où ils se voient dans 2 à 5 ans, puis de tenter de faire des choix judicieux pour optimiser les chances que cela puisse se réaliser. Par exemple, si un étudiant s’intéresse beaucoup à l’enseignement, mais moins à la recherche, je l’encouragerai à saisir des occasions pour s’impliquer dans des cours et pour suivre des formations en lien avec la pédagogie. Pour un étudiant qui s’imagine faire des missions avec des organismes à l’étranger, je l’encouragerais à tenter de réaliser un stage ou de s’impliquer bénévolement dans un organisme lié à ses intérêts.
Marie Grandisson